DI 3 novembre 2024 | 17h00
Neuchâtel, Temple du Bas
Brigitte Meyer, piano
Sébastien Singer, violoncelle
Brahms I
Depuis quelques années déjà, la pianiste Brigitte Meyer et le violoncelliste Sébastien Singer jouent volontiers ensemble dans diverses formations de musique de chambre allant du duo au quintette avec piano. Pour ce début de saison, c’est avec bonheur qu’ils se retrouveront en duo pour interpréter les deux sonates de Brahms, un de leurs compositeurs fétiches et auquel tous deux vouent une admiration sans limites.
Commencée en 1862 par un Brahms qui n’avait pas encore trente ans, la Sonate pour violoncelle op. 38 est la première sonate en duo du compositeur à nous être parvenue. Brahms y justifie son titre de « plus grand compositeur de musique de chambre romantique classique », digne successeur de ses héros dont Bach. Le premier mouvement, avec sa glorieuse coda crépusculaire en mi majeur (Brahms fut le maître absolu des couchers de soleil musicaux), est suivi d’un charmant menuet. Nostalgique hommage à l’univers de Mozart ou Schubert (?) dont la musique obsédait Brahms à l’époque, il est suivi d’un dernier mouvement sous la forme d’une robuste fugue qui témoigne merveilleusement de la carrure de Brahms : large, généreux, plein de fougue.
La Sonate op.99 en fa majeur est l’œuvre d’un homme plus âgé, mais qui compose toujours avec la passion et l’élan de la jeunesse. Écrite au cours du productif été suisse de 1886, elle fut composée pour le violoncelliste Hausmann, réputé pour sa sonorité ample et virile. Après l’océan déchaîné du premier mouvement, le deuxième mouvement (peut-être prévu initialement comme mouvement lent pour la première sonate) s’avère d’une richesse extraordinaire. Le chant du violoncelle s’élève en longue plainte, digne et sans épanchements, et toujours empreint de cette générosité qui caractérise la musique de Brahms. À propos du scherzo, une amie écrivit à Brahms qu’elle pouvait le deviner en train de « chantonner et grogner ». Le dernier mouvement surprend d’autant plus par sa légèreté, pour le moins inattendue dans ce cadre « massif ».
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En novembre 1886, la première donnée à Vienne par Hausmann et par le compositeur ne fit pas l’unanimité. «Qu’est-ce que la musique aujourd’hui, qu’est-ce que l’harmonie, qu’est-ce que le rythme, qu’est-ce que la forme», s’interrogea Hugo Wolf dans le Wiener Salonblatt, «si ce tohu-bohu est sérieusement reconnu comme de la musique? Si, en revanche, Herr Dr Johannes Brahms veut mystifier ses adorateurs avec ce1e toute nouvelle oeuvre, s’il veut jouer avec leur vénération écervelée, alors c’est autre chose et nous admirons en Herr Brahms le plus grand charlatan de ce siècle et de tous les siècles à venir.» Hum … peut-être ne faut-il pas s’étonner que Wolf ait fini ses jours à l’asile. Mais les violoncellistes, eux aussi, récriminèrent, soucieux de la difficulté de se faire entendre par-dessus les tremolandi du piano, dans le premier mouvement; on raconte qu’une violoncelliste tout sauf émérite, qui jouait l’oeuvre avec Brahms, se plaignit de n’avoir pu s’entendre. «Vous en avez eu, de la chance!», lui rétorqua Brahms. (Cette histoire court aussi à propos du dernier mouvement de la Sonate en mi mineur – il est vrai que l’équilibre de ces deux mouvements doit être traité avec précauton par les deux interprètes.) Aujourd’hui, cependant, cette Sonate en fa majeur est tenue, à fort juste tire, pour un summum de la musique de chambre de la fin du XIXe siècle.
Extraits de notes de Steven Isserlis
entrée libre - collecte
sans réservation
placement libre
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programme
Johannes Brahms (1833 – 1897)
Sonate op. 38 en mi mineur pour violoncelle et piano
I. Allegro non troppo
II. Allegretto quasi Menuetto
III.Allegro Johannes Brahms
Johannes Brahms (1833 – 1897)
Sonate op. 99 en fa majeur pour violoncelle et piano
I. Allegro vivace
II.Adagio affettuoso
III.Allegro passionato III.Allegro molto